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LIBREVILLE, 1er mars 2023 - Selon un nouveau rapport publié par le Fonds pour l’environnement mondial (GEF) et l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED), la promotion et l’adoption à grande échelle de financements innovants en faveur de la nature, dont les « crédits carbone à impact biodiversité » et les « certificats de nature », pourraient contribuer à combler le déficit important de ressources pour la sauvegarde et la restauration de la biodiversité et bénéficier aux populations autochtones et aux communautés locales.
Le rapport, intitulé Financements innovants pour la nature et l’être humain, a été réalisé sous les auspices d’un groupe de travail de haut niveau composé de 20 membres (voir ci-dessous) et assisté d’un groupe d’experts. Il formule une série de recommandations à l’intention du One Forest Summit, organisé conjointement par les gouvernements gabonais et français à Libreville les 1er et 2 mars. Cet évènement s’inscrit dans la série des sommets « One Planet », une initiative du président de la République française Emmanuel Macron ayant pour objectif de rassembler chefs d’État et de gouvernement, dirigeants d’organisations internationales, institutions financières, représentants du secteur privé, organisations non gouvernementales internationales, think tanks et centres de recherche, et organisations de populations autochtones et de la société civile, afin de se pencher sur les enjeux de la protection de l’environnement et du climat et de ses bénéfices sur le plan des perspectives économiques et de l’emploi.
Les recommandations formulées à l’intention des gouvernements et des décideurs publics préconisent notamment de mettre en place des lois, des politiques et des incitations claires en vue de promouvoir la demande et la redevabilité sur le marché de ces produits financiers innovants. Elles prônent également l’élimination des subventions néfastes pour la biodiversité, ainsi que la nécessité de distinguer les crédits carbone à impact biodiversité et les certificats de nature des mécanismes de compensation la biodiversité, et d’articuler leur rôle avec l’Accord de Paris sur le climat et le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal, récemment adopté.
Les crédits carbone à impact biodiversité et les certificats de nature doivent faire l’objet de projets pilotes dans le cadre des stratégies et plans nationaux sur la biodiversité et le climat avant de pouvoir être étendus à une masse critique d’échanges. Les gouvernements doivent collaborer avec d'autres parties prenantes, et tout particulièrement avec les populations autochtones et les communautés locales, afin d’instaurer une gouvernance efficace pour les certificats de nature et améliorer la gouvernance des marchés du carbone existants pour y inclure la biodiversité.
« Les crédits carbone à impact biodiversité et les certificats de nature ont le potentiel de débloquer des financements supplémentaires provenant de diverses sources, notamment des entreprises du secteur privé qui se sont engagées à produire un impact positif pour la nature et à soutenir la transition vers la neutralité carbone, déclare Carlos Manuel Rodriguez, président et directeur général du Fonds pour l’environnement mondial. Nous devons tirer les enseignements des travaux réalisés sur les crédits carbone pour créer un système de crédits forestiers unique et unifié qui tienne compte des préoccupations liées au climat et à la biodiversité. »
Le rapport formule plusieurs recommandations à l’intention du secteur privé, des investisseurs et d’autres acteurs du marché. Celles-ci portent notamment sur la nécessité de stimuler et de soutenir la demande des acheteurs individuels et des investisseurs privés, et de collaborer sur les méthodologies, les normes de certification et les indicateurs.
Le rapport indique également que toutes les parties concernées doivent veiller à ce que les populations autochtones et les communautés locales, en tant que principaux gardiens de la nature, contribuent à la conception de ces produits financiers innovants et en tirent profit. Ces dernières devraient se voir verser une part convenue des revenus, recevoir un soutien pour concevoir et diriger des projets générant des crédits et des certificats, et être des acteurs clés de la gouvernance des marchés en certifiant et en gérant les échanges et les registres.
« Les financements innovants offrent une solution tangible au manque de ressources pour la conservation et la restauration de la biodiversité, mais nous devons prendre les mesures nécessaires à un stade précoce de développement du marché pour veiller à ce qu’ils ne deviennent pas une autre forme d’écoblanchiment, souligne Tom Mitchell, directeur exécutif de l’IIED. Correctement mis en œuvre, ils pourraient contribuer à préserver des végétaux, des animaux et des écosystèmes précieux, tout en canalisant les financements vers les communautés locales et les populations autochtones qui sont les gardiens les plus efficaces de la biodiversité. »
Le rapport recommande à toutes les parties concernées par le développement des crédits carbone à impact biodiversité et des certificats nature de définir et d’appliquer des principes d’intégrité pour le marché volontaire. Elles devraient notamment veiller à ce qu’il soit distinct des mécanismes de compensation de la biodiversité, ces derniers devant rester du ressort des régulateurs, et soit lié à des cadres politiques et institutionnels adéquats au niveau national et infranational.
Le marché devra également s’appuyer sur les réseaux existants pour mettre en place un partenariat mondial et sa plateforme qui permettent d’accélérer et d’intensifier les programmes de crédits carbone à impact biodiversité et de certificats nature qui produisent des résultats équitables et positifs pour la nature. Cette plateforme devra contribuer à l’identification des zones geographiques prioritaires, aider à établir des méthodologies appropriées, ainsi que des bonnes pratiques et des cadres de coopération, et promouvoir le suivi financier et la redevabilité en utilisant le levier de la technologie, et notamment des chaînes de blocs.
Télécharger le résumé (en anglais et en français) et le rapport intégral ici
Groupe de travail de haut niveau
Président :
M. Carlos Manuel Rodriguez, président et directeur général, Fonds pour l’environnement mondial (GEF)
Membres :
Mme Razan Al Mubarak, présidente, Union internationale pour la conservation de la nature
Mme Inger Andersen, directrice exécutive, Programme des Nations unies pour l'environnement
M. David Antonioli, directeur général, Verra
Mme Barbara Buchner, directrice exécutive, Climate Policy Initiative
M. Craig Cogut, directeur général, Pegasus Capital Advisors
M. Aniruddha Dasgupta, président-directeur général, World Resources Institute
M. Partha Dasgupta, professeur honoraire, université de Cambridge
M. Makhtar Diop, directeur général, Société financière internationale
M. Yannick Glemarec, directeur exécutif, Fonds vert pour le climat
Mme Margaret Kim, directrice générale, Gold Standard
Mme Jennifer Morris, directrice générale, The Nature Conservancy
Mme Lucy Mulenkei, directrice exécutive, Indigenous Information Network ; présidente, Groupe consultatif sur les populations autochtones du GEF
M. Carlos Nobre, président, Panel scientifique pour l’Amazonie de l’Académie nationale des sciences (États-Unis), Académie brésilienne des sciences, et Académie mondiale des sciences
Mme Mari Pangestu, directrice générale, Banque mondiale
M. Qu Dongyu, directeur général, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
M. Rémy Rioux, directeur général, Agence française de développement
M. Cristián Samper, directeur général, Bezos Earth Fund
M. M Sanjayan, directeur général, Conservation International
M. Joe Walston, vice-président exécutif Préservation, Wildlife Conservation Society
M. Philippe Zaouati, directeur général, MIROVA
Pour en savoir plus, veuillez contacter :
Au Gabon : Robert Bisset, responsable de la communication, Fonds pour l’environnement mondial, +1(202) 415-9646, rbisset@thegef.org
À Londres : Sarah Grainger, responsable des médias, IIED, +44 7503 643332,
sarah.grainger@iied.org
À propos du Fonds pour l’environnement mondial (GEF)
Le GEF est un fonds multilatéral ayant pour vocation de lutter contre la perte de biodiversité, le changement climatique, la pollution et les pressions sur la santé des terres et des océans. Ses subventions, ses financements mixtes et son appui de politique générale aident les pays en développement à répondre à leurs plus grandes priorités environnementales et à adhérer aux conventions environnementales internationales. Au cours des 30 dernières années, le Fonds a fourni plus de 22 milliards de dollars de subventions et de financements mixtes et mobilisé 120 milliards de dollars de cofinancements en faveur de plus de 5000 projets nationaux et régionaux. Il a investi à ce jour 3,7 milliards de dollars à des initiatives liées aux forêts.
À propos de l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED)
L’IIED est l’une des principales organisations indépendantes du monde en matière de recherche sur les politiques et l’action. Il a pour mission de bâtir un monde plus juste et plus durable, en s’appuyant sur des preuves, des actions et une influence en partenariat avec des tiers.